La bouilloire en fonte traditionnelle : le tetsubin. Son histoire est étroitement liée entre la Chine et le Japon.
Elle trouve son origine dans les dynasties chinoises Tang et Song en tant que bouilloire, elle a été introduite au Japon dans les années 1780 par l’intermédiaire des moines japonais revenus de Chine. Sa fonte de grande qualité obtenue grâce à une technique traditionnelle, avec sa texture, sa forme rustique, est attribuée au savoir-faire japonais et s’est répandue au Japon, en même temps que la mode du sencha développée à cette époque. En effet, au milieu du XVIIe siècle, la Chine a fait découvrir au Japon une sorte de thé en feuilles, le sencha, qui pourtant n’avait pas encore le succès qu’avait le matcha, la version en poudre. Cela est vite devenu une mode, surtout dans la société riche. C’est ainsi que le tetsubin s’est vu de plus en plus mis à la mode. Vers 1800 avec le sencha devenu vraiment populaire parmi les riches Japonais, la bouilloire de fer a été progressivement introduite et revisitée dans sa fabrication et repris en main par des artistes de l’époque. C’est donc au cours du XIXe siècle que les modèles simples de bouilloires qu’étaient les tetsubins, sont devenus de véritables chefs-d’œuvre très élaborés, cependant très influencés par la culture chinoise (calligraphie, poèmes et citations chinoises,, etc.)
La théière en fonte japonaise n’est devenue populaire qu’au 18e et 19e siècle, augmentant jusqu‘au début de la guerre mondiale où elle est retombée dans l’oubli. Ce sont les Taïwanais qui ont redécouvert les premiers l’intérêt de collectionner les vieux tetsubins.
L’authentique tetsubin est en fonte sans émail. Certaines bouilloires sont traitées à la japonaise, c’est-à-dire que pour activer une protection naturelle contre la rouille, on procède à une cuisson oxydante à 800°C : la fonte n’étant pas poreuse, le processus d’oxydation ne peut se propager vers les couches plus profondes et la rouille reste en surface en créant une barrière contre elle-même. Ou alors la marmite peut être aussi recouverte d’une laque d’arbre naturelle, une graisse végétale qui donne à la paroi interne une apparence noire. On peut aussi laisser paraitre le calcaire après un usage répété de la théière, cette couche cumulée est un antirouille naturel.
Et puis nous avons la façon chinoise, les théières en fonte sont recouvertes d’un revêtement antirouille qui supporte la forte source de chaleur.
Un petit mot quand même sur le moulage de la fonte, on peut en retenir 3 techniques essentielles, sans pour autant trop s’y attarder, les explications étant très techniques.
La méthode de paraffinage, celle qui permet de fabriquer un seul modèle, précieux, une pièce de collection. Le modèle de la pièce moulée est fabriqué en cire d’abeille, et sera détruit après la coulée et ne nécessite pas de démoulage, ce qui aboutit à un modèle unique.
La méthode du sable, qui est une méthode de coulée par gravité naturelle, sa particularité est que le corps du pot présente une ligne horizontale de démoulage qui se situe en cercle autour du diamètre maximal de la théière. Ce procédé est la référence d’un artisanat toujours présent de nos jours.
La méthode du coulage sous pression, avec un moule en acier et autre métal résistant aux hautes températures. Une pompe est utilisée pour injecter le fer à haute température. Sa particularité est que la ligne de démoulage est verticale avec une partie droite et une partie gauche se situant au niveau du bec. On reconnait ce procédé par la finition lisse intérieur du pot, alors que la finition est plus rustique dans le cas d’un moulage au sable.
Une bouilloire sans émail, le tetsubin dans le cas présent, permet à l’eau de s’enrichir de fer pendant l’ébullition. Il en résulte une eau modifiée qui donne un thé plus doux, voire sucré. De ce fait, chaque tasse de thé, de café, de plante, apporte aux utilisateurs un supplément en fer, bon pour la santé. En matière de chauffe-eau, la fonte reste le matériau adéquat, il chauffe vite, et garde longtemps la chaleur et la restitue de façon cohérente et équilibrée. Cependant il vaut mieux éviter de laisser l’eau refroidir dans la bouilloire pour empêcher l’apparition de rouille. S’il reste de l’eau chaude non utilisée, pourquoi ne pas la mettre dans un thermos? la bouilloire sera ainsi séchée et hors rouille.
La théière en fonte émaillée des temps modernes.
Aujourd’hui, le tetsubin est avant tout la bouilloire proposée par les amateurs de thé pour bouillir l’eau lors de la cérémonie japonaise du thé matcha.
Les marchés européens et occidentaux ayant augmenté, à la fin des années 90, un nouveau design coloré est apparu, le tetsubin est devenu un produit apprécié et recherché dans le monde. Petit à petit les théières en fonte ont été émaillées à l’intérieur pour éviter la rouille. Pourtant, nous savons que le fer libéré en infime quantité est utile au goût pour l’eau, pour le thé. L’émail, de ce point de vue prive des bienfaits apportés en fer. Le tetsubin était utilisé à l’origine pour le thé vert, mais tous les thés sont bienvenus dans une théière en fonte émaillée ou pas.
Entretien : la rouille peut apparaitre si la théière est mal entretenue, mal séchée ou avec de l’eau stagnante. Cependant elle peut-être quand même utilisée, la rouille n’est pas toxique, en fait beaucoup d’amateurs de thé préfèrent le goût d’un thé issu d’une théière rouillée, cela concerne bien sûr une fonte de qualité.
La technique la plus simple : faire bouillir de l’eau au 2/3, puis la vider de l’eau qui est chargée de rouille. Pour une rouille plus importante, faire bouillir du thé vert, réduire à 20% et recommencer 2 ou 3 fois. Ou aussi faire cuire du riz dans le tetsubin.