Que savoir sur la théière en argent ?

En France, la première utilisation de la théière remonterait lors de la visite des ambassadeurs du Siam à la cours de Versailles en 1686. Le thé est considéré comme précieux et n’est consommé qu’à des occasions propices pour étaler la magnificence de la royauté.

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​Que savoir sur la théière en argent ?  | Théières à la folie

Sommaire :

Tout savoir sur la théière en argent
Ou à peu près ! Les choses prennent leur place plus facilement avec de l’histoire.
Du thé à la théière, de la théière à la théière en argent.
Tout part du thé qui a été longtemps consommé sous forme de poudre en Inde, au Japon et en Chine, souvent à des fins médicinales. Notamment à l’époque de la dynastie Tang on pratiquait le thé moulu, bouilli dans un chaudron avant d’être versé dans des bols.
En cherchant les traces de la théière, on en trouve entre le 13e et 14e siècle avec la dynastie Yuan, sur le modèle des cruches à vin, le principe de l’infusion de feuilles commence là. Avec la dynastie Ming (1368-1644) la théière est enfin utilisée, et ne cesse d’évoluer. La théière devient un objet indispensable, elle devient populaire au cours des dynasties suivantes en commençant par le Gaiwan un bol avec couvercle et soucoupe (qui de nos jours sert toujours), et on retrace les premières créations de petite théière pour 1 ou 2 personnes, dans la région de Yixing avec l’argile local la Zisha, la fameuse argile pourpre ou violette dont on parle encore de nos jours.
Les Européens dès le 16e siècle découvrent le thé lors de leurs voyages, ils sont séduits et éprouvent vite le besoin de l’importer. De son côté Yixing rencontre un énorme succès avec ses théières et ne cesse d’évoluer quant à la matière et la porcelaine prend naissance et notoriété.
Les européens créent des circuits de commerce (East India company) et le thé est vendu cher au début des importations, il est réservé à l’aristocratie, l’Angleterre sera la plus adepte et en fera vite une boisson nationale : qui ne connait pas l’after-noon tea ?
En France, la première utilisation de la théière remonterait lors de la visite des ambassadeurs du Siam à la cours de Versailles en 1686. Le thé est considéré comme précieux et n’est consommé qu’à des occasions propices pour étaler la magnificence de la royauté. On est attiré à cette époque par « les chinoiseries » des objets d’art européens décoratifs dont l’esthétique copie l’art d’Asie, modèle de singularité et d’évasion.
Et la théière en argent alors ?
Au XVIIIe siècle, en Europe, mais aussi s’étalant dans le monde, le thé, le café, le chocolat aussi prennent une connotation de luxe, et les orfèvres européens ne tardent pas à réagir et proposer des modèles de théières et tout ce qui peut graviter autour, pot, sucrier, tasses, bonbonnière, etc. Les familles aisées ne manquent pas de se procurer une théière en argent. Notamment l’élite des ménages Anglais et scandinave. Pour les moins privilégiés, l’étain est un bon compromis.
Cette argenterie constitue pour les familles une façon de consolider et montrer leur fortune, voir une réserve pouvant faire face à des dépenses imprévues. Louis XIV n’aurait-il pas lui-même donné son argenterie à fondre pour sauver la monnaie ?
L’argenterie portaient souvent les marques de son propriétaire.
Eloge de l’argent : L’argent a été utilisé dans l’art culinaire il y a déjà des milliers d’années. On a retrouvé des objets dans les tombes égyptiennes datant de 5000 ans. On retrouve de la vaisselle appartenant à la royauté chinoise datant du 7e siècle.
L’argent est un excellent conducteur de chaleur, l’eau peut alors être maintenue chaude longtemps après qu’elle ait été bouillie. L’eau chauffée dans une théière en argent donne un meilleur résultat d’infusion, à cause des bulles très fines en cours d’ébullition. L'argent a un pouvoir bactéricide et fongique, les marchands transportaient leurs victuailles et boissons dans des récipients d’argent afin de les préserver.
L’argent est un métal anticorrosion, ne se dégrade pas et sert de génération en génération, il peut constituer un patrimoine.
La théière en argent en Europe ou Occident
Pour ne citer que l’Angleterre, au fur et à mesure que la quantité de thé se répand grâce à l’importation de la Compagnie des Indes Orientales, les populations ont pu en profiter et l’apprécier. Cependant servi dans les cafés, la théière ressemble plutôt à une cafetière, plus haute et cylindrique.
Ce n’est qu’à l’arrivée de la reine Anne au pouvoir en 1702 que les théières sont largement utilisées, d’abord en forme de poire, puis sphérique vers 1710. La théière en argent se fait plus discrète entre 1755 et 1770, sans doute à cause des taxes très élevées sur le thé.
Ce n’est qu’à la fin du XVIIIe siècle qu’elle revient sur scène, la théière en argent ciselé, est gaufrée, avec des motifs de feuillages, de fleurs. Peu à peu sur 4 pieds, plus grande et ronde, puis les anses en ivoire et en bois sont remplacées peu à peu par de l’argent également. Il y a eu une période ou la forme est polygonale (1815). Puis avec une collerette autour du couvercle apparait au XIXe siècle à des fins sans doute de protéger des débordements. Actuellement on trouve ces modèles soit de vraies théières anciennes en argent antique, soit imitant ces belles époques victoriennes et de Georges III, à des prix cependant assez élevés quand on à faire à une théière en argent massif, plus raisonnable quand on a à faire à une théière plaquée-argent.
On peut retracer ainsi le parcours de la théière ancienne en argent pour tous les pays d’Europe avec à peu près le même schéma. De la même façon, les modèles sont perpétués soit en antiquité, soit par imitation du passé. Cependant certaines grandes marques sortent quelques modèles contemporains, plus sobres et au design épuré.
La théière en argent en Asie
La théière en argent remonte déjà à l’époque de la dynastie Tang, donc dès le début de la théière. Cette époque était glorieuse pour l’argenterie en Chine. Mais limitée à un nombre restreint hiérarchique des utilisateurs. Les modèles fabriqués étaient l’expression de la royauté.
Les japonais trouvent l’origine de la culture du thé dans la dynastie Tang. En effet, des moines avaient été envoyés en chine pour rapporter la culture bouddhiste et celle du thé à cette période. La plupart des articles de thé sont originaires de Chine. Puis le Japon a développé la cérémonie du thé et sa propre identité culturelle du thé. Les bouilloires de nos jours en fer, en argent et or sont utilisés pour faire bouillir l’eau au Japon
Les théières en argent de nos jours, chinoises ou japonaises sont étroitement liées en style, design et production. On y trouve de grands maîtres dans l’artisanat de part et d’autre. On retrouve la théière en argent martelé, gravé ou poli, la forme du tetsubin, richement orné de motifs symboliques chers à la culture asiatique. La forme de l’œuf du dragon est aussi chérie. On note également sans doute les plus belles théières, celles en cloisonné. Les contenances restent petites, liées à la culture de la cérémonie du thé, où l’on privilégie la qualité du thé à la quantité.
La théière en argent a traversé les époques, les continents avec brio, on voit dans l’histoire que l’Asie a été le berceau du monde du thé, pour qu’ensuite l’Europe s’en approprie, particulièrement l’Angleterre. Les belles théières en argent font souvent partie du passé, on en trouve chez les antiquaires, certaines grandes marques continuent d’en produire dans des designs sobres et contemporains. L’Asie de son côté continue de perpétrer son savoir-faire, avec de remarquables artisans qui aiment leur métier souvent dans l’incognito. Les designs variés, fouillés, sont de véritables objets d’art.
Conclusion
La théière en argent est une pièce d’artisanat haut de gamme appréciée par l’amateur de thé, et aussi le collectionneur qui lui reconnait une intemporalité. Celle-ci traversera les âges avec élégance.
La théière en argent est une combinaison parfaite d’art et d’utilité. Quand on achète une théière en argent faite artisanalement, on construit l’histoire avec ses artisans pour notre future. Si la théière en argent peut constituer un patrimoine, regardons vers l’avenir, et approprions-nous de véritables œuvres d’art qui pourraient constituer le patrimoine de nos enfants.

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